Bronchiolite : la HAS publie des réponses rapides pour accompagner l’administration du Beyfortus®

14 septembre 2023

Cet été, la HAS a donné son feu vert au remboursement du Beyfortus® (nirsévimab) – un anticorps monoclonal visant à prévenir la bronchiolite chez les nouveau-nés et les nourrissons exposés au virus respiratoire syncitial (VRS). Aujourd’hui, elle complète cet avis par la publication de réponses rapides destinées à guider les professionnels de santé pour administrer le traitement dans le cadre de la campagne d’immunisation contre le VRS qui démarrera à compter du 15 septembre 2023 en métropole, avant le début de la circulation du virus. Elle recommande également de permettre aux sages-femmes d‘administrer ce traitement.

Le virus respiratoire syncitial (VRS) est responsable d’infections respiratoires chez les nouveau-nés et les nourrissons qui peuvent se transformer en bronchiolite. Celle-ci se caractérise par un épisode de gêne respiratoire dont les signes sont une toux et une respiration rapide et sifflante. Si elle est fréquente et le plus souvent bénigne, la bronchiolite peut, dans certains cas, entrainer des complications sévères et conduire à une hospitalisation.

La dernière saison de bronchiolite (2022-2023¹) a été marquée par une très forte intensité notamment en matière de passages aux urgences (73 262) et d’hospitalisations (26 104) d’enfants. Très contagieuse, la bronchiolite touche de nombreux nourrissons âgés de moins de 2 ans chaque hiver. Dès lors, sa prévention apparaît comme un enjeu de santé publique.

Dans ce contexte, le Beyfortus® a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne le 31 octobre 2022, suivi d’un avis favorable de la Haute Autorité de santé en date du 1er août 2023 pour son remboursement. Il s’agit non pas d’un vaccin mais d’un traitement préventif par anticorps monoclonal en une seule injection intra musculaire, conférant une immunité passive. À ce jour, les données montrent que la concentration maximale d’anticorps est atteinte au 6e jour après l’injection, avec une durée de protection observée d’au moins 5 mois. Ce traitement vient ainsi compléter l’arsenal des traitements préventifs des bronchiolites à VRS en tant que deuxième anticorps monoclonal disponible à ce jour, après Synagis® (palivizumab), indiqué chez les enfants à risque élevé d’infection à VRS. Son administration ne se substitue pas à l’application des mesures barrières (lavage des mains, aération des pièces, port du masque en cas de rhume…), essentielles pour prévenir l’infection. Le Beyfortus® cible les nouveau-nés et nourrissons lors de leur première saison d’exposition au VRS.

 

Administrer le Beyfortus® dans le cadre de la campagne 2023-2024

Afin de diminuer le nombre de cas de bronchiolite, les pouvoirs publics organisent une campagne d’immunisation chez les nouveau-nés et nourrissons qui débutera en France métropolitaine le 15 septembre 2023 et durera jusqu’à la fin de l’épidémie, généralement observée fin janvier. C’est dans ce cadre que la HAS a été saisie pour élaborer des réponses rapides visant à guider les professionnels de santé sur le mode d’utilisation du Beyfortus®.

Dans ses réponses rapides, la HAS indique que le Beyfortus® doit être administré préférentiellement avant le début de l’épidémie aux nouveau-nés et nourrissons nés depuis le 6 février 2023 en France métropolitaine car considérés comme non exposés au VRS lors de la saison épidémique précédente. Cette date a été déterminée par Santé Publique France en prenant appui sur les données épidémiologiques de l’année dernière (fin d’épidémie constatée le 22 janvier en métropole + délai post-exposition). Les dates de début de campagne et les dates de naissance des nouveau-nés et nourrissons concernés dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) seront communiquées ultérieurement par le ministère de la Santé et de la Prévention.
Pour les nouveau-nés à compter du 15 septembre 2023, ce traitement doit par ailleurs être administré préférentiellement avant la sortie de la maternité.
Pour les enfants à risque élevé d’infection au VRS éligibles au Synagis® (palivizumab), la HAS précise que ce traitement reste une option thérapeutique.

 

Comment utiliser le Beyfortus® et avec quelles précautions ?

Le Beyfortus® ne peut être prescrit et délivré que sur ordonnance médicale, et, à ce jour, seuls les médecins et les infirmiers sont habilités à l’administrer.

La HAS précise que le Beyfortus® doit être administré en une seule injection intramusculaire, sur la face antéro-latérale de la cuisse puisque pour les nouveau-nés et les nourrissons, les autres endroits du corps ne sont pas recommandés.

Des précautions sont à prendre avant toute injection : délivrer une information claire aux parents et recueillir leur accord ; renforcer la prudence lors de l’administration à des nourrissons atteints de thrombopénie, de trouble de la coagulation, sous traitement anticoagulant ; ou encore contrôler à l’œil nu l’aspect limpide de produit qui ne doit présenter aucune anomalie. L’hypersensibilité à un des composants du médicament constitue une contre-indication.

 

Permettre une plus large administration du Beyfortus®

A ce jour, seuls les médecins et les infirmiers sont habilités à administrer le Beyfortus®. La HAS recommande d’élargir aux sages-femmes cette autorisation dans le cadre de la campagne d’immunisation. L’objectif est de faciliter la plus large administration possible du traitement avant le début de l’épidémie pour gérer efficacement la prévention de l’infection et réduire les hospitalisations des nouveau-nés et nourrissons.

 

Et après ?

Plus largement, la HAS poursuit ses travaux dans la lutte contre les infections à VRS. Elle vient ainsi de publier deux notes de cadrage pour délimiter le périmètre et la méthode d’élaboration de prochaines recommandations vaccinales. L’une porte précisément sur la recommandation vaccinale contre les infections à VRS chez les femmes enceintes. L’autre concerne la stratégie vaccinale de prévention des infections par le VRS chez l’adulte âgé de 60 ans et plus.

 

¹ Bronchiolite : bilan de la surveillance hivernale 2022-2023 | Santé publique France (santepubliquefrance.fr)

 

Obligations vaccinales des professionnels : la HAS publie le 1er volet de ses travaux

30 mars 2023

La Haute Autorité de santé publie la première partie de ses travaux relatifs aux obligations et recommandations vaccinales des professionnels. Ce premier volet est consacré aux vaccins pour lesquels une obligation est actuellement en vigueur (Covid-19, diphtérie, tétanos, poliomyélite et hépatite B). La HAS préconise que la vaccination contre la Covid-19 soit fortement recommandée pour les professionnels. La vaccination contre la diphtérie, le tétanos, et la poliomyélite est également fortement recommandée pour les étudiants et les professionnels, sauf à Mayotte où elle devrait rester obligatoire. Elle préconise enfin le maintien de l’obligation vaccinale pour l’hépatite B, et son extension aux professionnels libéraux.

La HAS a été saisie par la Direction générale de la santé afin d’actualiser l’ensemble des obligations et recommandations vaccinales des professionnels des secteurs sanitaire et médico-social. Elle publie le premier volet de ses travaux, qu’elle consacre aux vaccins faisant actuellement l’objet d’une obligation vaccinale ; soit les vaccins contre la Covid-19, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l’hépatite B. Sont concernés, les professionnels de santé, les professionnels qui exercent en établissements de santé, structures sociales et médico-sociales dont ceux qui sont en contact étroit et répété avec des jeunes enfants.

Ces travaux de la HAS ont été élaborés sur la base d’arguments médicaux et scientifiques, sans préjuger de l’avis complémentaire du Conseil consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE). Le ministère de la Santé et de la Prévention a en effet saisi le CCNE sur les questions éthiques soulevées par les obligations vaccinales des professionnels, dont leur acceptabilité sociale et leurs conséquences.

La HAS a notamment pris en compte les données épidémiologiques, la couverture vaccinale de la population générale et des professionnels, la disponibilité des vaccins et les dernières données d’efficacité et de sécurité. Ces travaux ont été enrichis par les très nombreuses contributions des parties prenantes, issues de la consultation publique organisée entre le 20 février et le 3 mars.

La HAS insiste sur le fait que la levée d’une obligation vaccinale pour les professionnels ne remet pas en question l’intérêt de cette vaccination, que ce soit en milieu professionnel ou en population générale.

Retrouvez ci-dessous une synthèse de ces préconisations sur le périmètre de saisine de la HAS :

Pour la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, la HAS préconise que :

La vaccination DTP soit fortement recommandée chez les étudiants et professionnels, sauf à Mayotte où elle devrait rester obligatoire.

Pour l’hépatite B, la HAS préconise que :

L’obligation d’immunisation concernant les étudiants soit maintenue à l’identique. La HAS rappelle qu’en conséquence, la plupart des professionnels exposés à un risque de contamination par le virus de l’hépatite B ou susceptibles d’exposer les personnes prises en charge, sont déjà immunisés quand ils prennent leur poste de travail ;

L’immunisation contre l’hépatite B soit rendue obligatoire pour les professionnels libérauxexerçant leur activité hors d’un établissement ou organisme de prévention ou de soins et qui sont susceptibles d’être exposés à un risque de contamination ou d’exposer les personnes dont ils ont la charge ;

L’obligation d’immunisation contre l’hépatite B soit maintenue à l’identique pour les professionnels exerçant dans un établissement ou organisme public ou privé de prévention ou de soin et qui sont exposés à un risque de contamination.

Pour la Covid-19, la HAS préconise que :

Soient respectés les recommandations du HCSP sur les gestes barrières en milieu de soins.

La vaccination contre la Covid-19 soit fortement recommandée, y compris les rappels à distance de la primovaccination, pour les étudiants et professionnels des secteurs sanitaire et médicosocial (exerçant en établissements ou libéraux) et les étudiants et professionnels des services de secours et d’incendie (notamment les sapeurs-pompiers professionnels et bénévoles), en particulier pour les professions en contacts réguliers avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables.

Cette préconisation de lever l’obligation de vaccination contre la Covid-19 ne constitue en rien une remise en question de ses précédents avis et recommandations rendus dans des contextes sanitaires et épidémiques différents.

 

Plus largement, la HAS souligne que la vaccination ne remplace pas les autres mesures de prévention des infections des professionnels et des personnes avec lesquelles ils sont en contact. Le respect des mesures d’hygiène, l’utilisation d’un matériel adapté et de protections individuelles, la surveillance et la prise en compte des infections associées aux soins, ainsi que la formation des personnels pour prévenir ces risques constituent une priorité.

La HAS rappelle enfin, que ces préconisations sont susceptibles d’évoluer en fonction de l’évolution des données et du contexte sanitaire.

 

Un second volet consacré aux vaccins actuellement recommandés attendu pour juillet 2023

Le deuxième volet de ses travaux, attendu pour juillet 2023, concernera les vaccinations actuellement recommandées pour les professionnels, à savoir ; les vaccins contre la coqueluche, la grippe, l’hépatite A, la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle.  La HAS organise à cette occasion une nouvelle consultation publique en mai, visant à recueillir les contributions des parties prenantes. Sont notamment concernés : les associations de patients et d’usagers du système sanitaire, social et médico-social, les sociétés savantes, les collèges nationaux professionnels, les ordres professionnels, les syndicats de professionnels de santé, les institutions ou organismes publics, les établissements de santé, les structures sociales et médico-sociales, les entreprises, etc.

Symptômes prolongés de la Covid-19 (dit Covid long) : la HAS actualise ses travaux

21 avril 2023

Depuis le début de l’année 2021, la Haute Autorité de santé élabore et actualise régulièrement des Réponses rapides sur les symptômes prolongés de la Covid-19 (dit Covid long) afin d’accompagner les médecins généralistes dans le diagnostic et la prise en charge de ces symptômes. Dans ce cadre, elle met à jour la fiche kinésithérapie portant sur le réentrainement à l’effort et publie une nouvelle fiche consacrée aux troubles psychiatriques et psychologiques.

Fatigue, essoufflement ou encore troubles cognitifs, les symptômes prolongés de la Covid-19, continuent d’affecter le quotidien de nombreux patients. Saisie par le ministère chargée de la Santé en 2021, la HAS a élaboré des Réponses rapides pour accompagner les professionnels de santé de premier recours dans le diagnostic et la prise en charge de ces symptômes. Actualisées pour la dernière fois en janvier 2023, ces réponses rapides étaient assorties jusqu’ici de quatorze fiches techniques, conçues par symptômes ou par spécialité (douleurs, fatigue, troubles oculaires, dyspnée…).

Parce que le vécu des symptômes prolongés à la suite de la Covid-19 peut être associé à un retentissement psychologique, la HAS publie une quinzième fiche consacrée aux troubles psychiatriques et aspects psychologiques associés aux symptômes prolongés de la Covid-19. À destination des soignants comme des patients, cette fiche caractérise les principaux troubles (dépressifs, anxieux, stress post-traumatique…) et propose des préconisations quant à leur diagnostic et leur prise en charge.

Par ailleurs la HAS met à jour la fiche kinésithérapie portant sur le réentrainement progressif à l’effort, de façon à respecter les capacités de chaque patient. Elle propose les contours d’un bilan diagnostique et des contenus de séances adaptés à la situation du patient, notamment si ses symptômes sont exacerbés après l’effort. Elle intègre également un algorithme d’aide à la décision du kinésithérapeute face à une réaction cardiovasculaire inappropriée à l’effort.

La HAS est également en cours d’élaboration de quatre analyses critiques de la littérature portant respectivement sur l’épidémiologie, la physiopathologie, le  parcours de soin et les traitements des symptômes prolongés de la Covid-19. Elles seront publiées au fil de leur finalisation. C’est notamment sur la base de ces données consolidées que la HAS pourra élaborer une recommandation de bonne pratiques sur le sujet.

 

Retrouvez ces documents sur le site internet de la HAS

Dysthyroïdies : la HAS publie un socle complet de recommandations

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Mis en ligne le 14 mars 2023
14 mars 2023

Les maladies de la thyroïde, dont l’hypothyroïdie et l’hyperthyroïdie, sont fréquentes en France. Encore aujourd’hui, leur prise en charge et leur suivi ne sont pas toujours optimaux. Après avoir publié des travaux sur la pertinence des soins et des examens d’imagerie dans l’exploration de ces pathologies, la Haute Autorité de santé publie aujourd’hui des recommandations complètes pour améliorer la prise en charge des personnes atteintes d’hyperthyroïdie ou d’hypothyroïdie. Elle distingue dans ce dernier cas, la situation spécifique des femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse et des personnes âgées de plus de 65 ans.

Les dysfonctionnements de la thyroïde (ou dysthyroïdies) toucheraient environ 2 % de la population française[1]. On distingue l’hypothyroïdie, liée à une diminution ou à une absence de production des hormones thyroïdiennes, et l’hyperthyroïdie, conséquence d’un excès d’hormones thyroïdiennes.

La Haute Autorité de santé a déjà publié des travaux sur les maladies thyroïdiennes : en 2019, une fiche sur la pertinence des soins de l’hypothyroïdie qui regroupe 10 messages courts sur le diagnostic, le traitement et le suivi des patients, puis en 2021 une fiche sur la pertinence des examens d’imagerie dans l’exploration des pathologies thyroïdiennes, réalisée en partenariat avec le G4[2].
Aujourd’hui, la HAS publie un socle complet de recommandations de bonne pratique sur la prise en charge des dysthyroïdies. Elle y décrit, pour chacune, les étapes du diagnostic, les examens biologiques à réaliser, les stratégies thérapeutiques ainsi que le suivi adapté.

Comme dans ses travaux précédents, la HAS réaffirme la nécessité de n’utiliser les bilans biologiques thyroïdiens que lorsqu’ils sont pertinents. Elle formule également des recommandations spécifiques concernant l’hypothyroïdie de la personne âgée et de la femme enceinte ou ayant un projet de grossesse, deux populations pour lesquelles le diagnostic et les traitements sont à adapter.

La HAS rappelle que la prise en charge d’une dysthyroïdie se fait dans le cadre d’une décision médicale partagée tenant compte des préférences des patients après explication par le praticien des différentes options thérapeutiques avec leurs avantages et inconvénients.

La HAS met également à disposition des professionnels de santé six arbres décisionnels déclinant la prise en charge des différentes situations ainsi que deux fiches de synthèse.

 

Hypothyroïdie : un diagnostic et une prise en charge adaptés selon le profil du patient

L’hypothyroïdie est la maladie thyroïdienne la plus fréquente : on estime qu’elle touche environ 1 à 2 % de la population française. Elle survient principalement chez les femmes, avec une incidence qui augmente entre 35 et 60 ans. On estime qu’il y a environ 3,1 nouveaux cas d’hypothyroïdie par an pour 1000 femmes là où pour les hommes, l’estimation est de moins de 0,2 nouveaux cas par an.

D’intensité variable, les symptômes de l’hypothyroïdie ne sont pas spécifiques et sont variés : fatigue, frilosité, symptômes dépressifs, chute de cheveux, troubles du cycle menstruel… Aussi, un symptôme isolé ne peut seul prédire une hypothyroïdie. En cas d’hypothyroïdie avérée, le traitement de référence est médicamenteux, avec la lévothyroxine, qui est aujourd’hui prescrite à environ 3 millions de personnes en France.

Une évaluation ciblée et un diagnostic fondé sur le dosage de la TSH seule
Quel que soit le profil du patient, si la présence de plusieurs symptômes fait suspecter une hypothyroïdie, la HAS recommande la réalisation des analyses biologiques de manière séquencée, selon un procédé appelé « en cascade » : le médecin établit une seule et même ordonnance dans laquelle il liste les différents dosages utiles, à commencer par celui de la thyréostimuline (TSH). Un seul prélèvement sanguin est réalisé, le biologiste n’enclenchant les dosages complémentaires que si le résultat de la TSH est d’emblée anormal (ou confirmé anormal après quelques semaines). Cette modalité de prescription permet d’éviter des prises de sang répétées et inutiles pour la personne. Pour les patients dont le dosage de la TSH est anormal, le laboratoire d’analyse dosera la tétra-iodothyronine libre (T4L) pour distinguer une hypothyroïdie avérée d’une hypothyroïdie fruste[3]. Le dosage des anticorps anti-TPO (thyroperoxydase) n’est pas nécessaire pour le diagnostic d’hypothyroïdie. Il est utile pour rechercher une origine auto-immune de la maladie (par exemple, une maladie de Hashimoto) et sera enclenché par le médecin s’il cherche à comprendre l’origine d’une d’hypothyroïdie confirmée.
La HAS rappelle que les examens d’imagerie ne sont pas utiles dans la prise en charge de l’hypothyroïdie, exceptées dans des indications précises qu’elle a déjà mentionnées lors de ses précédents travaux.
En cas d’hypothyroïdie avérée, l’instauration d’un traitement par lévothyroxine est indiquée. En revanche, il n’est pas systématique en cas d’hypothyroïdie fruste. Pour ces patients, le traitement doit être discuté en prenant en compte le contexte clinique, le risque d’évoluer vers une forme avérée et le ressenti de la personne.
La HAS rappelle que la prise en charge d’une hypothyroïdie peut être réalisée par le médecin généraliste. Néanmoins une consultation avec un endocrinologue est recommandée dans certains cas : patient non équilibré, antécédent de cardiopathie ischémique, présence d’un nodule, d’un goitre, grossesse ou désir de grossesse.

Après 65 ans, le diagnostic, le traitement et le suivi de l’hypothyroïdie doivent être adaptés 
Le vieillissement s’accompagne de modifications anatomiques et fonctionnelles progressives de la thyroïde. Il est donc important pour les professionnels de santé de distinguer ce qui relève d’un processus physiologique d’une pathologie thyroïdienne pouvant conduire à une hypothyroïdie.
Le seul fait d’avoir plus de 65 ans ne justifie pas de réaliser un dosage de la TSH pour dépister une hypothyroïdie. Celui-ci est recommandé dans certaines situations : si des signes cliniques évocateurs font suspecter une hypothyroïdie, lors de la découverte d’un déclin cognitif récent, si des troubles neurocognitifs connus s’aggravent de manière inexpliquée ou encore en cas de traitement par amiodarone[4]. En effet, les hypothyroïdies liées aux traitements médicamenteux comme l’amiodarone prescrit en cas de troubles du rythme cardiaque, sont potentiellement plus fréquentes chez les personnes âgées. Si elles n’impliquent pas nécessairement une décision de traitement par lévothyroxine, une surveillance régulière de la TSH est néanmoins requise.
Pour interpréter le résultat, la HAS recommande d’adapter la valeur haute de référence de la TSH à l’âge des personnes lorsqu’elles ont plus de 60 ans.
Par ailleurs, si l’instauration d’un traitement par lévothyroxine est nécessaire, celui-ci doit débuter à une faible posologie.

Cas spécifique des femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse
La grossesse entraine d’importantes variations physiologiques de la fonction thyroïdienne : on estime que l’activité de la thyroïde augmente d’environ 50 % pour maintenir l’équilibre thyroïdien et compenser les besoins. En cas d’hypothyroïdie maternelle avérée, il peut y avoir des conséquences pour la mère et le fœtus (fausse couche, naissance prématurée, faible poids de naissance, troubles d’apprentissage…).

C’est la raison pour laquelle il est impératif d’informer les femmes en âge de procréer (ou qui ont un projet de grossesse), et ayant une hypothyroïdie connue et traitée, de l’importance de consulter rapidement leur médecin dès connaissance de la grossesse. Les doses de lévothyroxine doivent alors être majorées de 20 % à 30 % en début de grossesse. Dans l’éventualité où la patiente n’a pas accès rapidement à un médecin et si elle n’a pas d’ordonnance établie à l’avance avec des doses augmentées, elle doit augmenter d’elle-même ses doses de lévothyroxine en attendant la consultation. Pour ce faire, elle devra prendre 2 doses quotidiennes de plus par semaine soit 9 comprimés par semaine au lieu de 7 (par exemple, 2 comprimés au lieu de 1 comprimé les lundi et jeudi et 1 comprimé les autres jours de la semaine).
Chez les femmes ayant des risques accrus de développer une hypothyroïdie (antécédants familiaux de dysthyroïdies, maladies auto-immune…), ou rencontrant des difficultés de procréation (infertilité, fausses couches…) ou encore en parcours PMA, la HAS recommande de doser la TSH en période préconceptionnelle ou en début de grossesse.
L’évaluation de la fonction thyroïdienne se fait comme pour tous les patients, par le dosage de la TSH seule. Toutefois, les valeurs seuils doivent être adaptées en fonction du trimestre de grossesse.
En cas d’hypothyroïdie diagnostiquée en début de grossesse, la monothérapie par la lévothyroxine est le traitement de référence.
Chez la femme enceinte, la monothérapie par liothyronine est contre-indiquée.
Après l’accouchement, il est recommandé de diminuer la dose de lévothyroxine, à la dose préconceptionnelle et de doser la TSH six semaines après cette diminution. Si le traitement a été introduit durant la grossesse, l’arrêt du traitement par levothyroxine est possible après avis spécialisé, notamment en cas de faible dose.

 

Hyperthyroïdie : le recours à l’imagerie et l’instauration d’un traitement ne sontpas systématiques

On estime que l’hyperthyroïdie touche environ 0,4 % de la population. Elle apparait en général entre 40 et 60 ans. Dans 70 % des cas, elle est la conséquence d’une maladie auto-immune, la maladie de Basedow. Le traitement de l’hyperthyroïdie repose, selon les cas, sur un traitement médical (antithyroïdiens de synthèse) ou radical (iode radioactif ou chirurgie).

Pour diagnostiquer une hyperthyroïdie, le dosage de la TSH est suffisant en première intention
Face à des symptômes évocateurs d’hyperthyroïdie (palpitations, nervosité, irritabilité…), la confirmation du diagnostic repose sur le seul dosage de la TSH. D’autres examens biologiques peuvent être effectués en cascade (c’est-à-dire à partir d’une même ordonnance et d’un même prélèvement sanguin) lorsque le résultat du dosage de la TSH est anormal, pour compléter le diagnostic (hyperthyroïdie fruste ou avérée[5]), et déterminer la cause de la maladie (maladie de Basedow, adénome toxique…).
Le recours à l’imagerie n’est, elle, utile que dans des cas précis, par exemple lorsque la palpation révèle des nodules ou des ganglions cervicaux suspects, ou lorsqu’un traitement radical est envisagé (irathérapie[6] ou chirurgie).
La HAS rappelle que la scintigraphie n’est pas indiquée dans le cadre du diagnostic d’une maladie de Basedow, la présence d’anticorps anti-récepteurs de la TSH suffisant à confirmer le diagnostic.

L’instauration d’un traitement n’est pas systématique
L’initiation d’un traitement dépend de l’intensité de l’hyperthyroïdie, du contexte clinique ainsi que de la préférence du patient.
En cas d’hyperthyroïdie fruste, les patients ont peu, voire pas, de symptômes. Pour contrôler l’évolution de l’hyperthyroïdie de ces patients, la HAS recommande d’instaurer une surveillance avec un dosage de la TSH tous les 6 à 12 mois. Le traitement pourra être discuté avec le patient dans certaines situations spécifiques (comme en cas de pathologie cardiaque, de facteurs de risques cardiovasculaires ou d’ostéoporose).
En revanche, l’hyperthyroïdie avérée requiert la mise en route d’un traitement, par antithyroïdiens de synthèse car la priorité est de restaurer un fonctionnement normal de la thyroïde. Une fois cet objectif atteint, plusieurs options thérapeutiques sont ensuite possibles pour le long terme selon le contexte clinique et les préférences du patient : poursuite de ce traitement, traitement radical par irathérapie ou chirurgie.
Si c’est une maladie de Basedow qui est à l’origine de l’hyperthyroïdie, le traitement médical par antithyroïdien de synthèse pourra être poursuivi. En cas de nodules sécrétant des hormones thyroïdiennes (goitre multinodulaire[7] toxique ou adénome toxique[8]), le traitement de première intention est l’irathérapie.

La HAS rappelle que la chirurgie en cas d’hyperthyroïdie ne doit être pratiquée qu’en dernier recours et qu’en présence d’un goitre volumineux compressif ou en cas de suspicion de malignité, ou si un traitement radical par irathérapie n’est pas adapté.

 

La HAS organisera, le 25 avril,
un webinaire à destination des professionnels de santé pour leur présenter ces travaux sur les dysthyroïdies.

 

 

 

[1] D’après l’étude SU.VI.MAX, basé sur le suivi de 5 166 patients sur 7,5 années.
[2] Le G4 est le Conseil national professionnel de radiologie et imagerie médicale
[3] Hypothyroïdie avérée : TSH > 10 mUI/L et T4L < à l’intervalle de référence du laboratoire. Hypothyroïdie fruste (forme pauci ou asymptomatique) : TSH > l’intervalle de référence du laboratoire sur au moins 2 prélèvements à 6 semaines d’intervalle minimum et une T4L dans l’intervalle de référence.
[4] L’amiodarone est une molécule riche en iode indiquée dans la prévention et le traitement de certains troubles du rythme cardiaque, qui peut entraîner des anomalies thyroïdiennes, particulièrement chez les patients ayant des antécédents de troubles thyroïdiens.
[5] Hyperthyroidie avérée : TSH basse souvent indétectable avec des T4L élevées. Hyperthyroïdie fruste : TSH abaissée avec des T4L et des T3L dans l’intervalle de référence du laboratoire.
[6] Traitement par iode radioactif
[7]. Augmentation du volume de la thyroïde dû à la présence de nodules, souvent causée par l’exacerbation d’un goitre classique.
[8]. Petites masses de nodules qui se forment dans la thyroïde, qui sécrètent de manière excessive des hormones thyroïdiennes et qui ont tendance à provoquer une baisse de la TSH.

La HAS actualise ses recommandations sur l’examen du dépistage organisé du cancer du sein

La HAS actualise ses recommandations sur l’examen du dépistage organisé du cancer du sein

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Mis en ligne le 17 mars 2023
17 mars 2023

En France, les cancers du sein sont, chez les femmes, les cancers les plus fréquents et la première cause de décès par cancer. Le dépistage organisé, proposé tous les deux ans aux femmes âgées de 50 à 74 ans, permet leur détection et leur prise en charge précoces. En réponse à une saisine de l’Institut national du cancer (INCa), la Haute Autorité de santé recommande l’introduction, dans le dépistage organisé des cancers du sein, de la mammographie 3D (par tomosynthèse), à condition qu’elle soit systématiquement associée à la reconstruction d’une image 2D synthétique (3D + 2Ds).

Avec plus de 12 000 décès par an en France, les cancers du sein restent la première cause de décès par cancer chez la femme, malgré une amélioration du taux de survie à 5 ans au cours de ces dix dernières années (estimé à 87 % pour les femmes diagnostiquées entre 2010 et 2015).
Le programme national de dépistage organisé du cancer du sein s’adresse aux femmes âgées de 50 à 74 ans présentant un risque moyen de développer un cancer du sein. Il permet la détection et la prise en charge précoces de ces cancers augmentant ainsi les chances de guérison. On estime ainsi qu’en 2015 le nombre annuel de décès par cancer du sein évités en France était de 3 059 avec un taux de participation au dépistage organisé de 51,6 %.[1]
Ce dépistage consiste en la réalisation, tous les deux ans, d’un examen clinique des seins ainsi que d’une mammographie numérique (2D). L’appareil qui permet de réaliser cet examen est peu irradiant et respecte les normes sanitaires et de sécurité. Le dépistage organisé prévoit une seconde lecture systématique des mammographies pour lesquelles aucune anomalie n’a été détectée.

La tomosynthèse (3D) est une technique de mammographie qui permet d’obtenir un cliché numérique reconstitué en trois dimensions à partir d’images du sein obtenues sous différentes coupes (ou projections). Depuis 2009 cette technique d’imagerie est largement utilisée en France en dehors du cadre du dépistage organisé, notamment chez des femmes à haut risque de cancer du sein ou dans le cadre de la surveillance d’un cancer diagnostiqué, où elle a démontré des résultats bénéfiques. L’Institut national du cancer (l’INCa) a donc saisi la HAS afin qu’elle évalue l’opportunité d’introduire la 3D dans la stratégie de dépistage organisé du cancer du sein.

Afin de répondre à cette saisine, la HAS a réalisé en 2019 un premier travail d’analyse de la littérature sur la performance de la mammographie par tomosynthèse et publie aujourd’hui le second volet de ses travaux. Ce second volet, fondé notamment sur une méta-analyse réalisée par la HAS, lui permet de se prononcer sur les conditions d’intégration de la mammographie par tomosynthèse dans la stratégie de dépistage organisé du cancer du sein, au regard de ses performances, de sa sécurité et de son efficience.

 

L’intégration dans le dépistage organisé de la tomosynthèse en association à la reconstruction d’une image 2D synthétique

Afin de rendre sa recommandation, la HAS a comparé la technique de mammographie classique (2D) à la technique de tomosynthèse (3D) seule, puis à l’association des deux techniques (3D + 2D), et enfin à la technique 3D associée à une reconstruction d’image synthétique (2Ds). Elle a analysé les résultats de ces comparaisons selon plusieurs critères : taux de détection des cancers, sensibilité et spécificité du dépistage, taux de faux positifs, de rappels de patientes pour des examens supplémentaires après mammographie et de cancers de l’intervalle.

La comparaison entre la 3D et la 2D seules n’a mis en lumière aucune donnée en faveur de l’utilisation de la 3D seule, ni de différence de performance entre les deux techniques. D’autre part, bien que présentant de meilleurs résultats, l’association de la 3D à la mammographie classique (3D + 2D) induit une exposition plus importante aux rayons X, en raison de la double irradiation que ces examens représentent pour les femmes, reproduite tous les deux ans.

Les études concernant la 3D associée à la 2Ds, méthode moins irradiante qui permet aussi la seconde lecture, ont en revanche démontré des résultats encourageants. Cette procédure permet en effet d’améliorer les performances du dépistage organisé, notamment son taux de détection des cancers, sans pour autant augmenter le nombre d’actes d’imagerie et la dose d’exposition.

De ce fait, la HAS recommande l’intégration de la mammographie par tomosynthèse dans le dépistage organisé du cancer du sein, à condition qu’elle soit systématiquement associée à la reconstruction d’une image 2D synthétique (3D + 2Ds). En parallèle du déploiement progressif de la 3D+2Ds dans le dépistage organisé sur l’ensemble du territoire national, la HAS recommande le maintien de la procédure en cours fondée sur la mammographie numérique (2D).

Par ailleurs, la HAS déplore l’hétérogénéité des pratiques professionnelles et des mammographes utilisés dans le cadre du dépistage organisé français (qu’il s’agisse des mammographes 2D ou 3D).

Afin de réduire l’hétérogénéité des pratiques professionnelles et des mammographes utilisés dans le cadre du dépistage organisé français (qu’il s’agisse des mammographes 2D ou 3D), la HAS est prête à contribuer à la mise en place de protocoles et à l’élaboration de spécifications cliniques complémentaires.

 

[1] Zielonke N, Kregting LM, Heijnsdijk EA, Veerus P, Heinävaara S, McKee M, et al. The potential of breast cancer screening in Europe. Int J Cancer 2021;148(2):406-18

Stratégie vaccinale pour 2023

HAS – COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Mis en ligne le 24 févr. 2023

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la HAS, conformément à ses missions, élabore des recommandations à l’attention du ministère pour déterminer la stratégie vaccinale contre cette maladie. Elle a été saisie sur la question de l’anticipation des campagnes de vaccination contre la Covid-19 en 2023, alors que le virus du SARS-CoV-2 circule toujours sur le territoire. Elle recommande de prévoir une campagne de rappel à l’automne pour les personnes à risque de forme sévère, en même temps que la campagne de vaccination contre la grippe. Elle préconise également que, dans l’intervalle, les personnes à très haut risque puissent bénéficier d’une dose supplémentaire si leur état de santé et leur niveau de protection vaccinale le nécessitent.

Face à l’épidémie de Covid-19, les premières campagnes de vaccination ont ciblé la population générale – en priorisant les personnes les plus vulnérables – afin de protéger le plus grand nombre de personnes des formes sévères et des décès, de limiter la circulation virale et de préserver le système de santé éprouvé par des pics d’hospitalisations successifs. Le virus du SARS-CoV-2 continue à circuler sur le territoire mais avec un variant moins sévère – Omicron – depuis le début de l’année 2022. La HAS a ainsi adapté ses recommandations vaccinales pour protéger les personnes les plus à risque de formes sévères de Covid-19.
Aujourd’hui, elle publie des recommandations de rappel pour l’année 2023 et détermine les publics éligibles à une nouvelle dose de rappel, ainsi que le moment opportun pour le faire.

 

Une campagne de rappel à organiser à l’automne pour toutes les personnes à risque de forme sévère, un rappel possible dans l’intervalle pour les plus vulnérables d’entre elles

La HAS recommande l’administration d’une dose de rappel à l’automne 2023 pour les personnes à risque de forme grave de la maladie ainsi que les personnes de leur entourage ou en contact régulier avec elles (dont les professionnels des secteurs sanitaire et médicosocial) : les personnes atteintes de certaines comorbidités quel que soit leur âge, les personnes âgées de 65 ans et plus ainsi que les femmes enceintes.

En complément, parce que leur protection vaccinale diminue plus vite et plus fortement, la HAS recommande que les personnes âgées de 80 ans et plus, les personnes immunodéprimées et les personnes à très haut risque de la maladie puissent bénéficier d’un rappel supplémentaire dès le printemps. Cette vaccination doit tenir compte de la situation médicale de ces personnes, dans le cadre d’une décision médicale partagée avec l’équipe soignante.

Cette nouvelle dose est recommandée dans un délai d’au moins six mois depuis la dernière dose ou infection, et ce, quel que soit l’âge de la personne ou le nombre de rappels précédents. En matière de choix du vaccin, la HAS recommande préférentiellement l’utilisation des vaccins à ARNm bivalents adaptés à Omicron quel(s) que soi(en)t le(s) vaccin(s) administré(s) précédemment.

D’un point de vue pratique et pour des raisons de mobilisation et de logistique, il parait pertinent de coupler la campagne de vaccination automnale contre la Covid-19 à celle de la grippe qui cible les mêmes populations, et de considérer que la date de début de la campagne contre la Covid-19 sera déterminée par la date de début de celle contre la grippe saisonnière.
A ce jour, la HAS ne recommande plus la primovaccination contre la Covid-19 en population générale mais elle insiste toutefois sur l’importance de laisser la possibilité à toute personne qui en exprime la demande de pouvoir bénéficier d’une dose de rappel et de pouvoir se faire rembourser cette vaccination.
En outre, elle estime qu’il ne faut pas exclure la possibilité de mettre en place à tout moment une campagne de vaccination si la situation épidémiologique le justifie, en particulier pour les personnes immunodéprimées et/ou vulnérables, voire à plus large échelle en population générale compte tenu du caractère imprévisible de l’émergence des variants.

 

Les données confirment la protection conférée par une dose de rappel

Si, à ce stade, il est impossible de prédire précisément l’évolution du virus SARS-CoV-2, la HAS considère néanmoins probable que la situation sanitaire de cette année se caractérise par des reprises épidémiques périodiques causées par un variant proche des variants qui circulent actuellement. La vaccination est un outil efficace pour protéger des conséquences de la Covid-19, et le rappel prolonge cette protection dans le temps.
Une étude récente conduite en France par EPI-PHARE confirme ainsi, qu’en comparaison à l’absence de vaccination, l’efficacité d’une dose de rappel par vaccin à ARNm monovalent (les premiers déployés) sur le risque d’hospitalisation est de 82 % deux mois après la dernière injection et de 52 % à plus de 9 mois de celle-ci.

La HAS a également pris en compte les données concernant la protection supplémentaire apportée par l’administration d’une dose de rappel avec un vaccin à ARNm bivalent contre la survenue d’infections symptomatiques, les hospitalisations et les décès. Les études montrent notamment que l’administration d’une dose de rappel avec un vaccin bivalent apporte une protection supplémentaire contre la survenue d’infections symptomatiques (de 21 à 56 %), contre les hospitalisations (de 31 à 84 %) et contre les décès (86 %) par rapport à l’absence de rappel. La HAS rappelle que cette protection baisse avec le temps et que cette baisse de protection varie selon l’âge (baisse de protection plus rapide chez les personnes de 80 ans et plus) et selon le critère de jugement considéré (baisse de protection contre les infections plus précoce que contre les formes graves).

Les données sur l’efficacité en vie réelle des vaccins à ARNm bivalents adaptés contre Omicron, bien qu’encore limitées, confirment l’efficacité conférée par une dose de rappel chez des personnes préalablement vaccinées avec d’autres vaccins.

 

L’expertise publique en santé en situation de crise : la HAS présente son rapport d’analyse prospective

HAS COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Mis en ligne le 20 févr. 2023
20 février 2023

La pandémie de Covid-19 a bouleversé le monde dans toutes ses dimensions. Elle a conduit les autorités à solliciter largement l’expertise sanitaire pour éclairer ses décisions urgentes et bien souvent inédites. L’investissement, l’adaptabilité et la réactivité de tous pour y répondre, ont été déterminants au long de ces trois dernières années. Aujourd’hui, il est indispensable de tirer les enseignements de cette mobilisation afin de mieux se préparer collectivement à faire face aux prochaines crises qui ne manqueront pas de survenir. La HAS y contribue avec son rapport d’analyse prospective qu’elle adresse au Parlement et au Gouvernement.

 

La crise de la Covid-19 aura été une crise sanitaire sans précédent par sa durée, son ampleur, ses vagues successives. Elle s’est caractérisée par de très fortes incertitudes dues à un nouveau virus, une évolution rapide des connaissances en lien avec une mobilisation sans précédent des acteurs scientifiques du monde entier, une complexification de l’environnement institutionnel et un besoin encore jamais atteint dans de telles proportions d’expertise pour l’aide à la décision.
Analyser la mobilisation et la production de l’expertise pendant cette crise, afin d’en tirer des enseignements et des axes d’amélioration pour l’avenir est indispensable pour être collectivement mieux préparés aux crises qui ne manqueront pas de survenir. La HAS a décidé de contribuer à ce travail en y consacrant son rapport d’analyse prospective.
Adressé au Gouvernement et au Parlement, ce rapport se fonde sur une analyse bibliographique et de nombreux entretiens des acteurs mobilisés durant la crise. La HAS en retire des propositions, y compris pour elle-même.

Une crise riche d’enseignements

La dimension inédite de cette crise a engendré une complexification de l’écosystème. La multiplication des structures et des acteurs mobilisés a mis en évidence un véritable besoin de coordination, afin d’optimiser les ressources, éviter les redondances et gagner en lisibilité auprès du public et des professionnels de santé. Cette nécessaire coordination s’est également initialement fait ressentir en matière de recherche, pour éviter la fragmentation des projets et gagner en efficacité et efficience.

L’un des enseignements de cette crise est que les décisions prises dans l’urgence n’ont parfois pas eu le temps de prendre appui sur une approche interdisciplinaire. Les aspects biomédicaux et épidémiologiques ont été privilégiés en prenant trop peu en compte les besoins différenciés des populations ainsi qu’une approche globale de la santé incluant les droits et les libertés de chacun.

La crise montre que le sujet des données de santé est un enjeu crucial pour éclairer la décision publique, en particulier en situation de crise sanitaire.  Leur accès et partage en temps réel constitue un préalable pour pouvoir les exploiter à des fins de surveillance, d’évaluation et de recherche. Au-delà de cela, les données ont acquis au cours de cette crise une place centrale en termes de communication, en tant qu’outil de la transparence.

Un des derniers enseignements que la HAS identifie à l’occasion de ce retour d’expérience est l’importance de la communication scientifique et sur l’expertise. Lors de la crise, la confiance des citoyens en la science s’est fragilisée en raison notamment d’un nombre extrêmement important d’experts ou de personnes se présentant comme tels ayant des avis parfois divergents. Ces prises de positions multiples n’ont pas permis à l’expertise scientifique d’être audible et d’être identifiée comme de nature différente d’une opinion.  Ce besoin de communication parait d’autant plus important qu’il intervient dans un contexte où la défiance d’une partie des Français à l’égard des vaccins était identifiée avant le début de la pandémie.

Garantir les fondements d’une expertise en santé de haut niveau pour aborder au mieux les crises futures et préserver la confiance des citoyens

A la lumière de ces constats, la HAS formule, dans ce rapport, des propositions qui s’inscrivent sur plusieurs axes :

La HAS rappelle l’importance majeure en temps de crise des fondamentaux d’une expertise légitime et de qualité : indépendance, pluridisciplinarité et transparence. Leur respect est la condition pour garantir la confiance dans les décisions que les pouvoirs publics prendront à partir de ces expertises.

La HAS préconise la mise en place d’une coordination interministérielle. La multiplicité des organismes et institutions mobilisables en période de crise est un atout permettant une grande réactivité, mais ils doivent avoir chacun une définition claire de leur périmètre d’expertise, afin d’être mobilisés de la façon la plus efficace possible. Cette organisation doit être pensée en dehors d’une période de crise, afin de permettre sa mise en place rapide en cas de besoin et donc d’éviter toute complexification de l’écosystème.

La HAS formule également des préconisations sur l’organisation des structures d’expertise en situation de crise. Il est par exemple nécessaire de prévoir une organisation spécifique (au-delà du plan de continuité de l’activité) définissant les processus de travail, offrant la possibilité d’une mutualisation des compétences, y compris entre les structures d’expertise et encourageant les collaborations au niveau international. Ces travaux et ceux sur les méthodes de production rapides doivent aussi se poursuivre hors période de crise.

La HAS formule des propositions pour répondre aux enjeux des données. Il est en effet nécessaire de cartographier les besoins prévisibles en cas de nouvelle crise et sur cette base de prévoir des systèmes d’information adaptables, interconnectés entre eux et avec les systèmes déjà existants, y compris dans le champ social et médico-social.

La recherche doit être mieux soutenue et coordonnée pour que les projets développés répondent de façon plus efficace et optimale aux problématiques soulevées.

La HAS insiste également sur la nécessité d’une expertise multidisciplinaire intégrant les savoirs expérientiels. Alors que la recherche en sciences humaines et sociales a été particulièrement active et coordonnée, elle n’a pas été suffisamment intégrée au même titre que les savoirs expérientiels, issus des professionnels de santé, des acteurs de terrain ou des usagers. Ces connaissances, avec un dispositif permettant la remontée et la descente des informations depuis et vers le terrain, pourraient contribuer davantage à éclairer la décision publique.

Enfin, la HAS consacre un chapitre au chantier de la communication autour de l’expertise, levier de la confiance.
La période d’incertitude connue au début de la pandémie et la très grande couverture médiatique qui l’a accompagnée ont pu créer une certaine méfiance au sein du grand public. A l’avenir, il sera opportun d’expliquer et d’assumer cette incertitude, qui se trouve être le point de départ de la démarche scientifique. La HAS insiste sur l’importance d’améliorer la communication sur le processus d’expertise qui doit être transparent, indépendant et inclusif.

Il est important d’encourager une plus grande transparence des informations, via une communication accessible au plus grand nombre. Outre leurs liens d’intérêt, les experts qui s’expriment dans les médias, devraient présenter de manière explicite leur « statut » afin de permettre à chacun de distinguer ce qui relève de l’expertise, opinion, ou position politique dans leurs propos.

Chaque crise présentera toujours un caractère imprévisible, mais il est possible de mieux anticiper les prochaines en mettant en place des principes de coordination de l’expertise et de la recherche, des organisations et des processus de travail optimaux, activables immédiatement, et de diminuer ainsi l’impact sur les personnes sollicitées.

Un nouveau parcours de santé pour la personne présentant une douleur chronique

COMMUNIQUÉ DE PRESSE de l’HAS – Mis en ligne le 14 févr. 2023
14 février 2023

 

Afin d’améliorer la qualité de vie des patients souffrant de douleur chronique, la Haute Autorité de santé, en partenariat avec le Collège de médecine générale (CMG) et la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), publie un guide sur le parcours de santé permettant d’apporter une réponse graduée et adaptée à chaque personne. L’objectif est de renforcer la prévention, d’améliorer les délais et de favoriser la coordination de l’ensemble des acteurs impliqués dans cette prise en charge. Ce parcours donne une place prépondérante à la médecine de ville, à sa collaboration avec les structures douleurs chroniques ainsi qu’à la juste mobilisation des services hospitaliers de spécialité.  Le niveau de recours aux soins est déterminé par les besoins du patient.

 

Pathologie qui touche plus de 12 millions de Français, la douleur chronique est définie comme une douleur persistante ou se reproduisant pendant plus de 3 mois¹. La douleur chronique altère la qualité de vie des personnes qui en souffrent et impacte fortement la vie de l’entourage. Elle a des retentissements importants tant sur le plan physique, psychologique, social que professionnel ou scolaire, et elle est source de handicap.

Si les trois plans nationaux de lutte contre la douleur (1998 à 2010) ont permis de progresser, la prise en charge de la douleur chronique et la formation des professionnels sont encore à améliorer. En effet, les délais de prise en charge restent trop importants au regard des critères internationaux. À ce jour, on estime que 70 % des patients n’ont pas de prise en charge adaptée. Par ailleurs, des inégalités territoriales d’accès aux soins spécialisés persistent, notamment pour les populations les plus vulnérables. Or, plus la prise en charge est tardive plus la situation est complexe et les possibilités d’amélioration limitées.

C’est dans ce contexte que la HAS, en partenariat avec le CMG et la SFETD, publie un guide parcours de santé de la personne présentant une douleur chronique et propose une nouvelle organisation des soins. Centrée sur les besoins du patient, cette organisation donne une place prépondérante aux professionnels de ville, et propose de créer une interface entre la ville et les structures spécialisées douleur chronique pour un soutien des professionnels de ville et une meilleure coordination entre la ville et l’hôpital.

L’objectif est de réduire le handicap, corollaire de la douleur, de prévenir une désinsertion sociale, professionnelle ou scolaire et d’améliorer la qualité de vie du patient.

 

La médecine de ville, pierre angulaire d’une prise en charge en trois niveaux

À travers ce guide, la HAS présente ainsi une prise en charge graduée en trois niveaux, en réponse à la complexité de la situation du patient. Chaque niveau propose des soins en équipe pluriprofessionnelle et pluridisciplinaire.

Amenés à prendre en charge le plus grand nombre de patients, les professionnels de santé de premier et second recours en ville constituent ainsi le premier niveau de prise en charge de la douleur chronique. Le médecin traitant est le coordonnateur et responsable de ce parcours, il s’appuie sur une équipe de soins primaires qui comporte idéalement, outre le médecin traitant, un infirmier, un masseur kinésithérapeute, un pharmacien et un psychologue, et mobilise si nécessaire des médecins spécialistes de ville.

La HAS préconise de créer une interface ville/hôpital (niveau 1 / niveau 2)

En cas de difficulté rencontrée au premier niveau de prise en charge, le médecin traitant peut solliciter le soutien des Consultations d’évaluation et de traitement de la douleur de leur territoire. Hautement qualifiées pour la prise en charge de la douleur chronique, ces structures peuvent soutenir la médecine de ville au moyen d’une interface qui s’appuie notamment sur des services de télésanté : hotline dédiée, téléconsultations, téléexpertises, réunions de synthèse pluriprofessionnelles et réunions de concertation pluridisciplinaires en visioconférence, outils de partage des données et services de partage et de diffusion des savoirs.  A terme, cette interface doit permettre la prise en charge de plus en plus complexe de patients douloureux chroniques par les médecins en ville et une meilleure coordination avec le deuxième niveau.

Pour les patients souffrant de douleurs chroniques rebelles qui ne répondent pas aux traitements bien conduits en niveau 1, le médecin fait appel au deuxième niveau de prise en charge. Le patient est adressé pour un diagnostic, une évaluation ou une prise en charge spécifique soit vers une Consultation d’évaluation de traitement de la douleur chronique, qui est en capacité de prendre en charge tout type de douleur chronique, soit vers un service hospitalier de spécialité selon le type de douleur chronique (par exemple en neurologie pour une céphalée chronique ou une douleur neuropathique, en rhumatologie pour une douleur chronique musculosquelettique, etc.).

Lorsque les patients présentent des situations trop complexes pour une prise en charge de deuxième niveau, ils peuvent être orientés vers un Centre d’évaluation et de traitement de la douleur chronique pour une réunion de concertation pluridisciplinaire, une évaluation complémentaire ou un acte technique spécifique réalisable uniquement en niveau 3, ou une hospitalisation.
Quel que soit le niveau de prise en charge, il est essentiel que le médecin traitant continue de suivre ses patients et d’assurer la coordination de ses soins.

 

Un parcours centré sur les besoins du patient

La HAS rappelle que la prise en charge d’une personne présentant une douleur chronique doit être élaborée et mise en œuvre avec son accord et sa participation. Cette prise en charge peut en effet nécessiter un changement de son mode de vie, un reclassement professionnel ou un engagement dans un nouveau projet de vie.

La HAS considère qu’un accompagnement par des professionnels est nécessaire pour maintenir voir renforcer l’autonomie du patient, l’aider à gérer lui-même sa maladie et ses traitements et le soutenir dans ses changements de mode de vie. Le médecin doit savoir s’appuyer sur les aidants et les familles pour les patients fragiles ou dyscommunicants, en particulier les personnes âgées dépendantes et les personnes en situation de handicap physique, sensoriel, psychique ou intellectuel.

 

¹Definition de l’International association for the study of pain task force on wait-times (IASP)

Grippe : ouvrir la vaccination à l’ensemble des enfants âgés de 2 à 17 ans

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Mis en ligne le 09 févr. 2023
9 février 2023

 

Après avoir été saisie par la Direction générale de la santé, la HAS recommande que la vaccination contre la grippe saisonnière puisse être proposée chaque année aux enfants sans comorbidité âgés de 2 à 17 ans révolus, sans qu’elle soit rendue obligatoire. L’objectif est de permettre son remboursement et de limiter la diffusion et l’impact de la grippe sur la population. Les cinq vaccins existants peuvent être utilisés, mais la HAS émet une recommandation préférentielle pour celui qui s’administre par spray nasal.

Chaque année, la grippe saisonnière touche deux à six millions de personnes en France, et est responsable en moyenne d’environ 9 000 décès. La vaccination antigrippale est aujourd’hui recommandée aux personnes qui présentent un risque de forme sévère de la maladie, du fait d’un âge supérieur à 65 ans ou en cas de comorbidités. Elle est également recommandée pour certains professionnels, en particulier ceux qui sont en contact régulier et prolongé avec les personnes à risque de forme sévère de grippe. La Direction générale de la santé a saisi la HAS en janvier 2022 pour qu’elle évalue l’intérêt, en France, de l’extension de cette vaccination aux enfants et adolescents n’ayant pas de comorbidité. Celle-ci est déjà recommandée chez les enfants de 6 mois à 17 ans dans plusieurs pays tels que le Royaume-Uni, l’Espagne ou encore l’Autriche pour limiter l’impact sanitaire et organisationnel de la maladie.

Pour répondre à la saisine, la HAS a pris en compte l’impact de la grippe sur la santé publique, la couverture vaccinale des personnes à risque, la disponibilité et l’efficacité des vaccins, ainsi que l’impact attendu d’une vaccination des enfants et adolescents.

 

Une bonne tolérance et une efficacité des vaccins établies dans les études

Les études analysées par la HAS montrent une bonne efficacité et tolérance des vaccins contre la grippe chez les enfants de 2 à 17 ans. Les études des revues Cochrane, par exemple, concluent à l’efficacité de la vaccination contre la grippe saisonnière chez les enfants sans comorbidité pour prévenir l’infection (efficacité vaccinale de 78 % pour les vaccins vivants atténués, 64 % pour les vaccins inactivés).
Concernant le profil de sécurité, les données de pharmacovigilance des vaccins contre la grippe chez l’enfant disponibles en France (Fluarix Tetra®, Vaxigrip Tetra®, Influvac Tetra®, Flucelvax® et Fluenz Tetra®) ne montrent aucun signal particulier de tolérance. Les données européennes et mondiales confirment la sécurité de ces vaccins chez les enfants.

 

Une vaccination par voie intranasale recommandée pour les enfants de 2 à 17 ans

L’analyse de ces données permet à la HAS de recommander que la vaccination contre la grippe saisonnière soit intégrée au calendrier vaccinal pour être proposée chaque année aux enfants sans comorbidité âgés de 2 à 17 ans révolus, sans la rendre obligatoire. La HAS précise que la recommandation ne concerne pas les enfants âgés de moins de deux ans. En effet, l’intégration de cette vaccination au calendrier vaccinal soulève des questions d’acceptabilité et le manque de données probantes sur l’efficacité dans cette tranche d’âge ne permet pas de conclure avec certitude.
Chacun des cinq vaccins qui dispose d’une autorisation de mise sur le marché chez l’enfant (Fluarix Tetra®, Vaxigrip Tetra®, Influvac Tetra®, Fluenz Tetra®, Flucelvax®) peut être utilisé, néanmoins la HAS émet une recommandation préférentielle pour le vaccin par voie intranasale Fluenz Tetra®. Ce mode d’administration plus simple (pulvérisation dans le nez) devrait en effet être mieux accepté par les enfants et leurs parents.

Pour la HAS, la mise en œuvre de cette recommandation offre de multiples bénéfices en matière de santé publique. Bénéfice individuel d’abord, pour protéger contre les conséquences de la maladie : les enfants âgés de moins de 15 ans, et plus particulièrement ceux qui sont âgés de 2 à 5 ans, sont surreprésentés parmi les cas de syndrome grippal vus en consultation de médecine de ville (9 % pour les moins de 2 ans, 19 % pour les 2-5 ans, 15 % pour les 6-14 ans) et aux urgences (14 % pour les moins de 2 ans, 23 % pour les 2-5 ans, 15 % pour les 6-14 ans) alors que les enfants de moins de 2 ans, de 2 à 5 ans et de 6 à 14 ans ne représentent que respectivement 2%, 5% et 11% de la population. Bénéfice individuel indirect ensuite : cette vaccination permettrait d’alléger le poids de la grippe dans les services pédiatriques. Et, enfin, bénéfice collectif : la HAS estime que cette vaccination chez les enfants de 2 à 17 ans – qui constituent le réservoir de la grippe – permettrait de limiter la diffusion de la maladie au sein de la population et des personnes âgées.

Dans cette recommandation, la HAS souligne également la nécessité du remboursement des vaccins contre la grippe saisonnière pour les enfants de 2 à 17 ans afin que tout parent qui le souhaite puisse faire vacciner son enfant contre la grippe sans frein financier.

Pour favoriser la vaccination antigrippale chez les enfants, la HAS souligne la nécessité d’accompagner cette recommandation par un dispositif d’information des professionnels de santé et des parents.

Comme l’ensemble des recommandations vaccinales de la HAS, la recommandation vaccinale antigrippale chez les enfants et adolescents sera mise à jour selon l’évolution des données disponibles.

 

Recommandations et obligations vaccinales des professionnels

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Mis en ligne le 08 févr. 2023
8 février 2023

 

Dans le cadre de sa mission d’élaboration des recommandations vaccinales, la HAS a été saisie par la Direction générale de la santé pour actualiser l’ensemble des recommandations relatives aux obligations et recommandations vaccinales des professionnels. Sont concernés : les professionnels de santé, les professionnels exerçant en établissements de santé et structures sociales et médico-sociales dont ceux en contact étroit et répété avec des jeunes enfants. La HAS publie aujourd’hui la note de cadrage qui prévoit des travaux en deux parties, soumises chacune à une consultation publique, dont la première sera ouverte dès le 17 février prochain.

Depuis plusieurs décennies, des obligations vaccinales s’imposent à certaines catégories de professionnels contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, l’hépatite B, et plus récemment la Covid-19. En complément, des vaccins sont fortement recommandés à ces professionnels : grippe, varicelle, coqueluche, ROR, hépatite A. La Direction générale de la santé a saisi la HAS pour actualiser l’ensemble de ces recommandations vaccinales à la lumière des dernières données sur l’épidémiologie des maladies concernées, les risques de transmission en milieu professionnel ainsi que sur les vaccins disponibles. Elle souhaite que ces travaux couvrent les professionnels de santé, les professionnels qui exercent en établissements de santé, structures sociales et médico-sociales dont ceux qui sont en contact étroit et répété avec des jeunes enfants. Le Ministre de la Santé et de la Prévention a par ailleurs saisi le Conseil consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) sur les questions éthiques soulevées par les obligations vaccinales des professionnels et leurs conséquences.

Afin d’expliciter sa méthode, le périmètre couvert, les questions traitées et son calendrier, la HAS publie une note de cadrage pour ces travaux, qui sont menés en parallèle de ceux du CCNE. Elle prévoit d’élaborer ses recommandations en deux temps : elle publiera d’abord un premier volet sur les obligations vaccinales actuelles puis un second sur les vaccinations faisant aujourd’hui l’objet d’une recommandation.

La HAS tiendra compte des données scientifiques concernant, entre autres, les situations épidémiologiques, la disponibilité des vaccins, les couvertures vaccinales actuelles et les dernières données d’efficacité et de sécurité des vaccins. Elle s’appuiera également sur l’avis des parties prenantes qui pourront s’exprimer sur chacun des deux volets dans le cadre d’une consultation publique.

 

Des recommandations en deux temps, mars et juillet 2023

Les travaux de la HAS seront répartis en deux volets, publiés à des échéances différentes :

  • Le premier volet, prévu pour mars 2023, évaluera la pertinence de modifier les obligations vaccinales en vigueur concernant la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l’hépatite B qui s’imposent aux étudiants et professionnels des secteurs sanitaire et médico-social (exerçant en établissement ou libéraux) dont ceux en contact étroit et répété avec des jeunes enfants. Il traitera également de la Covid-19 et de la pertinence du maintien de l’obligation vaccinale au regard de l’évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques.
  • Le deuxième volet, prévu quant à lui pour juillet 2023, traitera des vaccinations actuellement recommandées pour les étudiants et professionnels des secteurs sanitaire, social et médico-social (exerçant en établissement ou libéraux) dont ceux en contact étroit et répété avec des jeunes enfants, contre la coqueluche, la grippe, l’hépatite A, la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle.

 

Comment la HAS va-t-elle travailler ?

Pour construire ses recommandations, la HAS sera amenée à répondre à plusieurs questions d’évaluation avec le soutien de Santé publique France (SpF) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Tout d’abord, la HAS actualisera les connaissances relatives aux fréquences de survenue des infections listées ci-dessus, en colligeant notamment les nouvelles données disponibles en France depuis 2016.

Puis, la HAS étudiera l’impact des différentes mesures possibles (mise en œuvre, suspension ou maintien d’une obligation vaccinale) sur la couverture vaccinale, sur l’incidence des infections contractées par les professionnels dans l’exercice de leur travail et chez les personnes dont elles ont la charge et sur l’absentéisme des professionnels concernés.

Afin de répondre aux questions mentionnées ci-dessus, la HAS effectuera une revue bibliographique systématique et une analyse critique de la littérature scientifique disponible.

Afin de permettre une articulation entre leurs travaux, la HAS et le CCNE échangeront notamment leurs analyses bibliographiques au fur et à mesure de la progression des travaux.

Le projet de chaque volet sera examiné par la commission technique des vaccinations (CTV) puis par le Collège de la HAS. Ce document sera ensuite soumis à une consultation publique large puis nourri de l’analyse des avis ainsi recueillis. Le projet sera à nouveau examiné par la CTV et le Collège de la HAS qui l’adopteront définitivement. La recommandation vaccinale sera alors publiée sur le site internet de la HAS.

 

Une première consultation publique du 17 février au 3 mars

Dans le cadre du premier volet de ses travaux, la HAS va organiser très prochainement la consultation publique soumettant aux parties prenantes son projet de recommandation. L’objectif est de recueillir le plus largement possible l’avis des principaux acteurs concernés par le sujet : associations de patients et d’usagers du système sanitaire, social et médico-social, sociétés savantes, collèges nationaux professionnels, ordres professionnels, syndicats de professionnels de santé, institutions ou organismes publics, établissements de santé, structures sociales et médico-sociales, entreprises, etc. A cet effet, un questionnaire en ligne sera accessible entre le 17 février et le 3 mars.

 

Calendrier prévisionnel des productions
Volet 1 – Obligations vaccinales en vigueur

Synthèse de la littérature et rédaction du rapport : janvier 2023
Premier examen de la recommandation vaccinale : 15 février 2023
Consultation publique : du 17 février au 3 mars 2023
Second examen de la recommandation vaccinale : 30 mars 2023
Publication sur le site internet de la HAS : fin mars 2023

Volet 2 – Recommandations vaccinales en vigueur

Synthèse de la littérature et rédaction du rapport : janvier à mars 2023
Premier examen de la recommandation vaccinale : 19 avril 2023
Consultation publique : du 28 avril au 19 mai 2023
Second examen de la recommandation vaccinale : juin 2023
Passage de la recommandation en collège : juillet 2023